EXCEL-SERRES : 40 ANS ET LA PLEINE MATURITÉ par Roger Lafrance, JOURNAL MOBILES

Les Maskoutains les connaissent depuis longtemps, les tomates d’Excel-Serres. Depuis 40 ans, en fait. Aujourd’hui, le producteur en serre de Saint-Damase compte parmi les plus beaux fleurons de l’agriculture maskoutaine.

Dominique Fortier est propriétaire de l’entreprise depuis 2013. Ingénieure en construction, elle cherchait à cette époque un nouveau défi dans sa vie. Une petite entreprise pour s’occuper un peu, en campagne, loin de la vie trépidante de la ville.

« Quand j’ai visité l’entreprise, je suis véritablement tombée en amour, a-t-elle confié en entrevue à Mobiles. C’était une belle petite entreprise, accueillante, à échelle humaine. »

 

« Depuis l’automne, on a atteint notre rythme de croisière, confie Dominique Fortier. Au Québec, nous sommes le plus gros des petits producteurs en serriculture et le plus petit des gros. » Photo : Roger Lafrance

« Depuis l’automne, on a atteint notre rythme de croisière, confie Dominique Fortier. Au Québec, nous sommes le plus gros des petits producteurs en serriculture et le plus petit des gros. » Photo : Roger Lafrance

 

Elle l’admet d’emblée : elle ne connaissait rien à la serriculture, elle qui était surtout une gestionnaire d’expérience. Mais le fondateur d’Excel-Serres, Gabriel Beauregard, a accepté de la guider en lui transférant son savoir, avec le soutien des employés en place.

Dominique Fortier précise que M. Beauregard avait fait des choix judicieux, tant au niveau des variétés cultivées que des méthodes de production, et il disposait d’une clientèle fidèle. Sur plusieurs aspects, il était un précurseur, notamment en choisissant la biomasse pour chauffer ses serres.

« Il avait la recette gagnante », souligne Dominique Fortier.

Mais elle s’est vite fait prendre au jeu. Pour assurer son avenir, l’entreprise se devait de prendre de l’expansion. Depuis 2013, Excel-Serres a connu cinq agrandissements, ses serres passant de 3 000 à 21 000 mètres carrés.

« Depuis l’automne, on a atteint notre rythme de croisière. Pour nous, c’est la taille parfaite. Au Québec, nous sommes le plus gros des petits producteurs en serriculture et le plus petit des gros. Nous sommes très confortables à ce niveau. »

La production de tomates s’étend sur toute l’année. La serriculture est un secteur très technique, car tous les aspects de la production sont contrôlés, que ce soit l’alimentation en eau et en engrais, la pollinisation et le contrôle des insectes nuisibles ou des maladies.

Malgré son expansion, Excel-Serres a maintenu ses valeurs de base, notamment le bien-être des travailleurs étrangers qui assurent la production quotidienne et une empreinte environnementale réduite grâce au choix de la biomasse et du recyclage de l’eau.

 

La tomate rose en vedette

Dès ses débuts, Excel-Serres a misé sur la tomate rose. Même aujourd’hui, elle représente toujours 60 % de la production. L’entreprise produit aussi six autres variétés, dont rouge, en grappe, italienne et même jaune.

La fraîcheur du produit est l’élément clé de l’entreprise. Les tomates sont acheminées dans les entrepôts des grossistes dès le lendemain de leur cueillette. Elles sont ensuite vendues dans la plupart des supermarchés du Québec.

La serriculture québécoise connaît présentement une expansion marquée, grâce à la volonté du gouvernement Legault de miser sur l’achat local. De nouveaux programmes d’aide ont été mis en place de même que des tarifs réduits en hydroélectricité.

Dominique Fortier félicite ce choix politique. L’entreprise a d’ailleurs été la première à profiter du nouveau programme d’aide. Même s’il compte quelques gros joueurs, le Québec traîne de la patte dans ce secteur, notamment face à l’Ontario.

Toutefois, ce développement rapide n’est pas parfait. L’abondance de tomates de serre sur les marchés a entraîné une baisse des prix.

« Présentement, on réussit malgré tout à tirer notre épingle du jeu, confie Dominique Fortier. Il faudra sans doute quelques années avant que le marché se stabilise et puisse absorber toute cette production. »

Parions que la petite tomate rose de Saint-Damase sera encore là pour longtemps.